Quand et pourquoi les régimes amaigrissants ne fonctionnent-ils pas ?

Nous le connaissons tous cette adage « manger moins pour être mince« . La valorisation de la minceur dans nos sociétés occidentales amène de nombreuses personnes à vouloir s’y conformer. L’effet général est donc l’intention de modifier son alimentation, notamment en la restreignant. Dans un autre article, j’évoquerai le culte de la minceur et ses effets sur la santé mentale et physique de chacun.

Les régimes amaigrissants fleurissent ainsi de jour en jour avec chacun des règles spécifiques : « éviter les féculents », « limiter les sucres rapides », « supprimer les matières grasses », « manger à des heures précises ». Globalement, nous en tirons qu’il existe des groupes d’aliments à privilégier, d’autres à diminuer et certains autres à bannir radicalement, comme ce délicieux chocolat qui nous fait pourtant tant rêver. Paradoxalement, nous pouvons aussi entendre qu’il vaut mieux « manger de tout mais en petites quantités », « du chocolat, oui, mais pas plus de deux carrés ».

Cependant, la grande majorité des individus (80% selon l’ANSES – Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du travail) qui se sont essayés à ce genre de pratiques alimentaires ont repris leur poids perdu, voire plus, un an après. Mais alors, que se passe-t’il ? Et qui sont ces 20% restant qui parviennent à maintenir leur poids ?

Commençons par une petite histoire…

C’est lundi. Le weekend a été riche entre les restaurants, les dîners entre amis, le biscuits devant un bon film le dimanche. Tout ce qui n’est pas permis la semaine est autorisé le weekend, n’est-ce pas ? Mais là, STOP. On reprend les choses en main : finis la charcuterie, les desserts et autres aliments riches. Place aux légumes, aux fruits, à la viande blanche et aux yaourts 0%. On se reprend en main et on fait un peu preuve de volonté ! La semaine commence. Vous êtes fier(e) de cette première journée « healthy ». C’est certain, à la fin du mois, vous aurez perdu 5kg. Vous commencez à perdre du poids. C’est la lune de miel. Vous avez l’impression d’avoir ENFIN trouvé VOTRE façon de manger et, ENFIN, de devenir la personne que vous êtes réellement.

Or, les jours passent, la fatigue s’accumulent et les petits tracas du quotidien s’additionnent. Vous auriez bien envie de lâcher un peu prise et de vous détendre autour d’une bonne pizza. La frustration pointe son nez mais vous résistez. Puis les jours s’enchainent … Il suffira d’un stress, d’une odeur de pain frais, d’un dîner entre amis, d’une contrariété ou d’une dispute de trop et vous flanchez. A vous le fromage, les muffins, le chocolat, les frites et hamburgers. Vous perdez complètement le contrôle et vous vous jugez d’être aussi faible et nulle. Foutu pour foutu, vous décidez de continuer à vous faire plaisir et vous reprendrez les rênes la semaine prochaine. L’estime de soi dans les chaussettes, vous décidez de reprendre les choses en main, pour de bon. Le cercle est bouclé.

Ce que vous vivez porte aujourd’hui un nom : la restriction cognitive. La restriction cognitive, c’est ce cercle vicieux dans lequel on est enfermé, entre les phases de restriction et de désinhibition alimentaires. De nombreux professionnels et scientifiques s’accordent à dire qu’elle est l’une des causes principales du surpoids et de certains troubles du comportement alimentaire. En effet, elle a de graves conséquences sur notre estime, sur le rapport que vous entretenons à notre corps et à notre assiette. Il est entré dans les moeurs que, si l’on échoue un régime amaigrissant, c’est de notre faute et de notre faible volonté dans la vie. Ce qui ne fait qu’accentuer notre déficit de confiance en soi.
Aussi, elle est responsable de l’effet yoyo, qui, au fil du temps, ne fait que ralentir notre métabolisme de base et nous empêche de retrouver notre poids de forme initial.

Il est largement démontré aujourd’hui que la restriction cognitive est corrélée à la grande majorité des régimes amaigrissant. C’est pourquoi ils sont inefficaces voire dangereux sur le long terme et qu’il est fortement déconseillé d’en pratiquer.

Qui sont alors ces 20% personnes restantes qui parviennent à maintenir leur poids perdu après avoir fait un régime ?
Premièrement, tout dépend ce que nous mettons derrière le mot « régime » et comment on le pratique. Les études observent que le premier facteur participant à l’échec d’un changement alimentaire est la rigidité psychologique. Dans le cadre de l’alimentation, elle est caractérisée par une approche dichotomique de l’alimentation et sur un mode de « tout ou rien ». Les aliments considérés comme hypercaloriques sont considérés comme interdits et les autres à favoriser. Elle se manifeste également lorsque nous posons un cadre sur notre alimentation, lorsque notre alimentation est pensée et contrôlée, et non en accord avec nos sensations alimentaires. C’est ce que nous observons lors de « simples » rééquilibrages alimentaires prescrit par quelqu’un d’extérieur qui sait, mieux que nous (et d’un point de vue théorique), ce que nous devons manger ou pas. Nous appliquons les règles, de manière infantile et par bonne conscience, sans que ces règles soient réellement adaptées à l’individu unique que nous sommes. Ainsi, la flexibilité psychologique est, à contrario, l’une des raisons pour laquelle un changement alimentaire perdure. Qui dit flexibilité, dit, entre autres, vision globale de l’alimentation, sans aliments interdits ou diabolisés, et en accord avec notre corps.

Les affects, qu’ils soient positifs ou négatifs, jouent également un rôle majeur dans notre façon de manger. Nous n’avons pas tous le même parcours de vie, la même histoire et le même présent et, pour certains, l’alimentation est devenue l’une des stratégies pour vivre ou pallier à certaines émotions. Dans ce cas, il est intéressant d’aller vers une découverte plus profonde de soi, de comprendre comment nous en sommes venus là, pour ensuite créer autre chose pour soi.

De nombreux autres facteurs influencent l’efficacité d’un changement alimentaire mais ces derniers sont les plus explorés. L’être humain est complexe et, souvent, l’ensemble de ces facteurs s’imbriquent entre eux pour donner lieu à des perturbations alimentaires. Un suivi complet et personnalisé est aujourd’hui plus que nécessaire pour aller vers plus de liberté avec son alimentation et son corps lorsque ces derniers sont devenus sources de conflits et de souffrance.

Et vous, où en êtes-vous ?